Série de textes

Il en faut

il en est nécessaire

il est là

il est loin

il est proche

il est lui

lui en moi

je suis

suis là

là aussi

il est possible

est possible l'infini

infini à vivre

vivre et respirer

respirer l'air

l'air du TOUT 

 

la puissance de l'être

et de l'absence.

Sculpter

Contrer

Former, fini, concret, tangible

Forme

Esquisse du sentir

Gluant

Brut

Initial

Prima

Trace matricielle

Distance spatiale, non reconnaissance

Masse, strate, pierre

 

L’image d’une plaine d’eau.

Au centre maintenant un nœud ouvert, un flux sort…

Formes tendues qui se prennent à diriger le devenir.

Dessin. Voir. Lire.

Animal après les pierres, dermes géologiques.

Je peins au fluide.

À cet aspect liquide de l’intérieur de l’abysse.

Une chute de sang.

Cascade de vie qui jaillit, s’échappe et gicle - l’aspérité du tronçon - ferme et rosé. 

Déconstruction

Nébuleuse

Réduire ou agrandir

Uniformiser, envahir, évasion, invasion

Un commentaire visuel de ce qui se passe au-dehors de la carte,

les humeurs, une géographie du sensible.

Chaque partie du tout constitue un lexique de tensions variables, à l’extrême,

une pulsation résonne, transforme et reprend la forme.

Tout de soi.

Superposition

Densification

Tissus supérieurs

Couches

Strates frontales

Être bien, quand bien même tu t’en vas.

Maintenant compte comme autant d’instants futurs,

où tu me manqueras, c’est sûr.

Corps nébuleux

Masse suspendue

Parfois encore c’est lourd.

Au matin comme un voile qui s’approche

et plane au-dedans de ma chaire, de mes entrailles, de mes molécules.

Réseaux en friche que j’aime laisser choir et qui se rétractent à son passage, se fermant à la lueur du matin.

Telle la nuit, lorsque la lumière peine à irradier l’embrasure de la fenêtre,

le jour se pose en transparence.

Le voile, lui, n’est pas distinct, ni froid, ni léger, ou si peut-être, mais jamais pareil.

C’est engloutissant juste avant que je me penche et pointe mon index sur le bouton

de l’interrupteur pour éclairer l’espace.

Une boule ou juste cette incertitude entre notion de valeur et rien.

Un subtil échange entre l’avant et l’après, mesuré à partir d’un unique point d’encrage dans l’espace du papier.

Ni en train de voler, ni de tomber, élan d’apesanteur.

Valeur du vide poussé aux limites du définissable.

Nouvelle étendue, feuille tendue, blême, close.

Fermeture – ouverture, feuille blanche.

Plat, sans profondeur notable, ciel.

Lieu de respiration, plan, vide, imprécis dans la vision d’un espace clos.

En s’approchant de la feuille, respiration, attente, sujet ?

Une tentation d’exprimer, un juste départ de lecture,

de formes, de discrétion anéantie. Désert.

Une foule d’images encore à poindre. 

Dévaler la peau du papier.

Tenter, feindre d’être.

Jeu de piste, assemblage, ressemblance, évaporation.

L’horizon du fond de l’eau.

De la masse (papier) que le graphite déposé sur sa surface,

recouvre et plante face à moi.

Un plan lisse, un plein ou juste l’étendue ainsi inondée,

remplissant tous les pores du papier.

Toute la profondeur se trouve happée par le voile net miroitant la lumière.

Un brillant éclat, alors que les hampes dessinées se faufilent,

dans la surface supérieure de la grande feuille.

Recouvrir, décanter, il y a un sentiment d’étouffement,

quoique le doute sied si bien au miroitement de certain passage,

lors d’un léger pas de côté.

Ajouter des couches !

C’est une direction nouvelle et inédite.

Le dessin, le mur avec son mobile, sujet – objet révélé,

reste stoïque et accroché dans le grand pan de papier.

Il est dur d’apercevoir clairement l’ensemble.

Le miroitement invite à une dématérialisation fascinante

et peu propice à façonner autrement qu’à tâtons.

Insister

(Inciter)

 

Aenigma

L’énigme réside dans la forme sombre et dense,

qui Impressionne l’espace de ce lieu.

La question reste en suspens,

entre trois éléments n’impliquant pas de réel lien.

Chacun composent pourtant à leur limite, une vue d’ensemble mobile,

qui interroge à l’infini, le lourd, le présent, l’improbable réel ou indéfini. 

Vide face, côtés dehors.

L’indistinct, massivement concentré dans l’étendue d’une branche,

ou ramification de tige obscure, compacte et tendue.

Celle-la flotte en direction de la forme initiale, en suspension à gauche,

au centre de la feuille. Une pierre ?

Au-delà du manque de repère entre les divers éléments,

chacun conserve pourtant en soi, l’infime fragment d’un ensemble,

l’entité essentielle, un tout (cosmologie).

Là où maintenant subsiste la question ?

Qu’est-ce ?

Et pour encore combien de temps ?

Suspendre un fragment ligneux,

de corps et de substance, dans un océan blanc de papier, fixe et plat.

L’espace est là, où à présent demeurent le mystère et la voie. 

Amas de liens discontinus et cette tentative de réchauffer en vain,

l’extrémité des doigts pour raviver signe et parole.

Je remonte sur l’échelle.

Le mur derrière, moins présent depuis qu’il est vide,

et celui-ci - sur ou contre lequel - je m’appuie, est en attente.

Suspendu depuis longtemps, le dessin est souvent tombé.

Je me suis surprise à penser à une sorte de communication.

Ce dessin demandait sa fin.

Saisir le fil.

S’appliquer à tenter une circulation de tout le dessin,

j’uniformise en conservant l’identité de chaque parcelle du papier.

Parfois avoir l’envie de balancer le graphite

et renvoyer les formes à la brume…

Là, la partie blanche subsistante, lentement se referme

et je crains parfois qu’un reflet brillant survienne,

et qu’alors le papier se dilapide, se réduise, s’annule.

Soudain le bas du dessin est lisse.

L’échelle s’y projette, son ombre demeure à l’intérieur,

comme chacune des présences.

Dessiner.

La forme au-delà, comme s’effleurent la surface de graphite

et le grain du papier

Tracé ou pointé ou à peine en contact.

Temps soi. 

 

Dissimuler la forme.

Densité, bouge, vivant.

Matière en action, qui roule, coule, déborde, s’échappe,

fusionne ou se délie.

Flottement et puissante lenteur…

Fraction, détachement, craquement, mobilisation.

Éclatement, fissure, fibre, foison.

En suspension…

Comme lorsque je me mets à inspirer la bouche ouverte avec étonnement,

et que le flux d’air entrant dans ma bouche, émet un son en mon intérieur.

Éclat

Éclatement

Frontière à la lisière d’une aire nouvelle.

Passage silencieux, sinueux entre brume, fumée et gouffre froid.

La vapeur, lente en mesure, roule gonflée déroutante sur le bord du papier.

Temps nu, sans ombre ni écoulement.

Poudre, débris de matière grisée,

soufflée dans l’étendue de la pièce inerte et silencieuse.

Sans mot,

Sans image,

Il reste le vent.